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La malédiction des pharaons...une légende pour faire peur ?

Sur les murs des tombes royales où reposent les pharaons de l’Egypte ancienne, les avertissements, inscrits en hiéroglyphes, sont clairs : malheurs aux "vivants qui viendraient violer les tombes...". Se pourrait-il donc qu’un pharaon mort depuis trente siècles revienne à la vie pour se venger de ceux qui oseraient troubler son sommeil éternel ? Les anciens Égyptiens le croyaient réellement.
Dans les années 1920, l’idée qu’un pharaon puisse déchaîner sa malédiction sur ceux qui pénétreraient sa dernière demeure, circule encore parmi les ouvriers arabes travaillant au service des égyptologues occidentaux.

En 1922, deux Anglais, passionnés par l’ancienne civilisation du peuple des pyramides, se rendent dans la vallée des rois où tous les souverains morts étaient traditionnellement enterrés. L’un d’eux est un riche aristocrate, Lord Carnavon. Il n’a pas hésité à dépenser une véritable fortune pour monter une expédition scientifique à la recherche de nouvelles découvertes. Son compagnon est un jeune égyptologue Howard Carter qui a déjà travaillé de longues années en Égypte sur les monuments laissés par la prestigieuse civilisation.

Howard Carter, arrivé dans la vallée des rois, se met donc au travail avec sous ses ordres quelques dizaines d’ouvriers égyptiens. Mais les mois passent et les fouilles ne donnent rien. La découverte d’un tombeau inconnu semble bien compromise. D’ailleurs Lord Carnavon, découragé par cet échec, finit par prendre le chemin du retour en Angleterre.

Mais, le 5 Novembre 1922, à l’aube, Carter, sur le point d’abandonner lui aussi, découvre en creusant une marche à moitié enfouie dans le sol qu’il dégage aussitôt. Et là, quelle n’est pas sa surprise de découvrir un escalier conduisant à une porte scellée. Quelques jours plus tard, après le travail acharné des ouvriers arabes, c’est en fait tout un vaste tombeau qui est mis à la lumière et Howard Carter fait ouvrir la lourde plaque de pierres qui en garde l’entrée. Il pénètre dans la sépulture le premier, uniquement guidé par une lampe à pétrole. Et ce qu’il voit le stupéfait....Des centaines d’objets précieux, en or, de la vaisselle fine, des statues, du mobilier fait dans du bois rare...Et au milieu de cela, un imposant sarcophage, dont le couvercle, ciselé avec talent, représente le visage d’un jeune pharaon.

Aussitôt, Carter rappelle Lord Carnavon qui se précipite en Égypte. Le vieil aristocrate anglais se rend dès son arrivée auprès de son collègue qui lui montre la prodigieuse découverte qu’il vient de faire. Les inscriptions retrouvées sur les murs de la tombe indiquent aux deux homme qu’ils ont sorti d’un silence de trente siècles la sépulture d’un jeune pharaon encore inconnu : Toutankhamon. Il s’agit d’un obscur souverain ayant régné sur l’Egypte dans les années 1330 avant Jésus-Christ, dernier représentant de la XVIIIème dynastie et mort à 20 ans, dans des conditions demeurées bien mystérieuses.

L’inventaire des objets découverts dans la tombe commence. Il y a tant de pièce à noter qu’il ne s’achèvera qu’en 1928.
Quelques temps plus tard, alors que l’expédition de Lord Carnavon finit d’explorer le tombeau royal, une série de faits mystérieux se produit.
Déjà, peu de jours avant la fabuleuse découverte, un mauvais présage n’avait pas manqué d’inquiéter les ouvriers du chantier. Howard Carter possédait un magnifique canari au chant mélodieux qui était devenu en quelque sorte la mascotte de l’équipe. Or, une nuit, un cobra, le serpent protecteur des pharaons, était entré dans la cage et avait dévoré le joli petit oiseau. Beaucoup y avait vu un signe de sombre augure.

Quelques mois plus tard, piqué par un moustique des marais, Lord Carnavon tombe très gravement malade et finit par décéder dans la nuit du 5 Avril 1923. Des journalistes, présents sur les lieux, racontent même, qu’au moment de sa mort, toutes les lumières du Caire s’éteignent de longues minutes, comme une immense panne d’électricité.
Peu après la fin du vieil aristocrate, d’autres membres de l’expédition succombent les uns après les autres : le docteur qui a examiné la momie de Toutankhamon ; le conservateur des antiquités égyptiennes du Louvre meurt en sortant de la tombe, d’une congestion ; puis c’est au tour d’un autre conservateur, celui du musée de New York, qui avait aidé Carter a défoncer la porte d’entrée de la sépulture. Au total une vingtaine de personnes décèdent subitement après avoir visité la dernière demeure de Toutankhamon.

Informée très tôt de ces disparitions pour le moins singulières, la presse publie plusieurs articles révélant une prétendue malédiction des pharaons, furieux d’avoir été tirés de leur repos séculaire. En Egypte, de telles rumeurs trouvent auprès des employés des chantiers un large écho. Bientôt, Toutankhamon, cet obscur souverain de la XVIIIeme dynastie, ignoré de l’histoire, connait son heure de gloire avec son tombeau et les effets foudroyants de son implacable colère....

Qu’en est-il réellement, si l’on repense à tout cela avec un peu plus de sérénité ? La malédiction n’a jamais existé que dans l’imagination de quelques journalistes à la recherche de sensationnel pour vendre un livre ou un article. Plutôt que de malédiction, il est plus raisonnable de considérer les faits survenus comme une malheureuse suite de coïncidences.

D’une part, il est bien étonnant que Howard Carter, le premier à pénétrer dans la tombe royale n’ait pas été lui aussi frappé par la vengeance de Toutankhamon. Le célèbre égyptologue est mort bien des années plus tard, paisiblement, en Angleterre.
D’autre part Lord Carnavon, au moment de son décès, était déjà un vieillard usé par les voyages et le travail, de santé très médiocre. Il n’a donc pu lutter contre la maladie, sans doute une fièvre, que lui a transmise le moustique. Un homme de meilleure constitution aurait sans doute résisté et survécu.
Enfin, il ne faut pas davantage oublier que les fouilles archéologiques, dans les années 1920, s’effectuaient dans des conditions d’hygiène douteuses et que l’on pouvait facilement contracter n’importe quel bactérie ou microbe, sans que, pour autant, un pharaon furieux soit à l’origine du mal.

Dans les années 1980, l’un des équipier de Howard Carter a même fini par révéler que sur les murs du tombeau, aucune inscription annonçant une malédiction n’avait été découverte. Carter et Lord Carnavon avaient simplement fait circuler une fausse rumeur de malédiction pour éviter qu’un ouvrier malhonnête vienne piller quelques objets trouvés dans le tombeau. Et de fait, pendant longtemps, personne n’a jamais osé pénétrer dans la sépulture pour dérober quoi que ce soit.

Des scientifiques ont envisagé un moment que les membres de l’expédition de Carter auraient pu mourir d’un microbe présent dans la tombe depuis des milliers d’années et libéré au moment de l’ouverture de la porte. Toutes les analyses réalisées dans la sépulture n’ont rien donné et ceux qui pensent que les anciens Égyptiens avaient empoisonné l’air du tombeau pour punir d’éventuels pillards en sont pour leurs frais. Dans la dernière demeure de Toutankhamon, il n’y a aucun piège maléfique à découvrir...

Nous voilà donc rassurés....La malédiction du jeune pharaon n’est le produit que d’esprits imaginatifs. Nous pouvons alors visiter son tombeau en toute sérénité, comme des milliers de personnes l’ont fait avant nous, Toutankhamon ne nous en voudra certainement pas...