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Charlemagne, l’empereur qui ne savait pas lire...

La chanson le dit sans hésitation : " Mais qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école ? C’est ce sacré Charlemagne ! " Ces quelques mots ont sans douté été appris par des milliers d’élèves, condamnés à demeurer prisonniers d’une salle de classe de longues heures. A coup sûr, la popularité de Charlemagne n’a pas toujours été au rendez-vous parmi les plus jeunes...

Pourtant, nulle croyance n’est peut-être aussi fausse que celle-ci. L’école n’est évidemment pas une invention du vieil empereur. Des dizaines de siècles auparavant, les scribes de l’Egypte antique s’appliquaient à transmettre aux garçons de l’aristocratie l’art des hiéroglyphes. Les Grecs, et particulièrement les célèbres philosophes, enseignaient déjà les principes de la géométrie au Lycée d’Athènes. Au début du Moyen-Age, la noblesse envoyait ses enfants étudier dans quelques monastères réputés. Charlemagne n’a donc rien découvert d’extraordinaire en matière d’éducation.

Alors pourquoi cette légende si solidement établie ? En fait, comme c’est souvent le cas pour de nombreuses croyances populaires, cette idée s’est construite sur un fond de vérité. Dans son beau palais d’Aix-La-Chapelle, Charlemagne a fait une large place aux intellectuels de l’époque, venus de tous les horrizons de l’empire pour transmettre leur savoir. Dès le début de son règne, le souverain a fait aménager une petite école où les fils de l’aristocratie franque venaient régulièrement s’instruire au contact des moines. De nos jours, la chose ne manque pas de surprendre : au IXeme siècle, l’instruction était un privilège que l’on réservait à une élite restreinte. L’écrasante majorité des enfants des campagnes ne savait ni lire ni écrire : les études coûtaient bien trop chères.

Toute sa vie, Charlemagne a accordé une grande considération à l’instruction. Or, cet attachement au savoir intellectuel suscite d’autant plus l’étonnement si l’on songe que l’empereur n’a jamais su lire et écrire. Charlemagne était ce que l’on appelerait aujourd’hui un illétré. De cette ignorance, le plus puissant souverain d’Occident a toujours tiré une grande gêne. On raconte, qu’au cours de la journée, quand ses activités politiques lui laissaient un moment de répit, il s’entrainait à écrire quelques mots de latin sur une tablette de cire qu’il gardait toujours à portée de main. A la fin de sa vie, le monarque ne lisait que très difficilement et malgré tous ses efforts, il ne parvint jamais à maîtriser de manière satisfaisante la lecture et l’écriture. Souffrant sans doute des lacunes de son instruction, il a voulu donner aux fils de la noblesse franque la chance de déchiffrer eux-même un texte ou recopier quelques lignes sans éprouver de mal.

Charlemagne n’a donc jamais brillé par sa culture. En revanche, il s’est toujours montré sportif, grand amateur de l’efffort physsique. L’empereur a passé la plus grande partie de son existence au grand air, à pratiquer des exercices militaires ou d’interminables parties de chasse dans les forêts de l’empire. Il en a retiré une musculature qui ne manquait pas de susciter l’admiration de la cour. Charlemagne a sans doute été le souverain le plus grand de l’histoire avec son mètre quatre-vingt-dix. (Les hommes du Moyen-Age n’atteignaient que très rarement le mètre soixante, ils étaient de taille beaucoup plus modeste qu’aujourd’hui). A sa mort, le 28 Janvier 814, il était parvenu à l’âge canonique de 72 ans tandis que la plupart de ses sujets n’arrivaient à 40 ans qu’à grand-peine. Le monarque a eu la chance de conserver une santé de fer toute sa vie : quelques semaines avant sa fin, on le voyait encore chasser à la tête de sa suite, en forêt, au mépris du temps ou des températures. C’est d’ailleurs sans doute une coupable imprudence qui a fini par emporter le vieillard : ne s’étant pas assez couvert à la sortie de son bain, il a attrapé un flux de poitrine que la médecine de l’époque n’a pas su soigner à temps.

Charlemagne appréciait particulièrement la natation. Il s’était fait construire une sorte de piscine à Aix-La-Chapelle où il venait nager pour se détendre. Parfois, il lui arrivait d’organiser des concours avec ses invités ou quelques aristocrates. On raconte qu’il sortait souvent vainqueur des courses qui l’opposaient à ses adversaires.

L’empereur n’a donc certes pas inventé l’école comme le dit la chanson. Cependant, bien qu’illétré, il s’est toujours interéssé de prêt à l’éducation des plus jeunes, lui qui ne maîtrisait pas la lecture et l’écriture. Charlemagne a vécu à une époque bien différente de la nôtre : un chef d’Etat ne brillait pas par ses compétences intellectuelles. Pour imposer son autorité sur des vassaux mal soumis ou des rois un peu trop ambitieux, il fallait avant tout se montrer bon guerrier et grand connaisseur de l’art militaire. Bon soldat, l’empereur l’était mais il lui manquait sans doute l’instruction qu’il ne parvint jamais à conquérir...